
26 et 27 juillet : Les foires agricoles en non mixité choisie
Une fois de plus le calendrier de juillet faisait coïncider ce we, les deux événements majeurs du monde agricole belge : la Foire de Libramont (la grande) et La Petite Foire (LPF) qui réunissait pour la deuxième fois à Tournay, les tenants d’un modèle agricole alternatif.
On le sait, ces deux temps forts de l’été sont, chacun à leur façon, l’occasion de rassembler la communauté agricole et de célébrer la vie, les joies et les difficultés, d’un secteur essentiel de notre vie communautaire.
Nous mangeons chaque jour et le besoin de nous fournir en alimentation est donc une préoccupation récurrente. C’est la réponse à un besoin à ce point fondamental que l’on parle d’un Droit à l’alimentation de qualité pour tous.
En s’y promenant, on percevra aisément que tout distingue les deux Champs de Foire et que ces différences n’ont rien à voir avec un jeu des 7 erreurs. Car tout dans l’organisation révèle combien les sensibilités sont différentes.
Intéressant alors d’entendre le propos du Ministre Coppieters (*) à qui le micro a été tendu un cours instant, lors de la séquence inaugurale de LPF. Il avoue d’abord son peu de propension pour la militance. Pas dans sa culture (sans mauvais jeu de mot) et pas dans sa nature. Mais sa conviction par contre, c’est que le modèle alternatif, sans doute plus respectueux de notre cadre de vie, de notre santé et de celle de la planète a certainement quelque chose à apporter au monde agricole majoritaire. D’où son impression que tout le monde y gagnerait, à commencer par le consommateur, à ce que les témoins de cette agriculture plus durable rencontre ceux de Libramont sur leur terrain.
C’est pourtant en non mixité choisie que les choses se sont encore déroulées cette année. Ce concept n’est pas particulièrement dédié au monde agricole. C’est une pratique sociétale, récente il est vrai, qui revendique l’intérêt qu’il y a à pouvoir débattre -au moins durant un temps choisi- de certaines questions de société sans que les participant·es ne soient en mixité de genres. Il ne faut pas y voir une ségrégation. Ce n’est pas non plus un entre-soi égoïste. Il s’agit du choix d’un temps dédié à une réflexion menée sans la moindre influence genrée.
En l’occurrence ici, tenir débat dans cet entre-soi philosophico-idéologie, c’est un moment jugé nécessaire pour faire le point. Pour construire une posture, pour argumenter, pour pouvoir nuancer sans interruption intempestive.
Reste qu’ensuite, sur le terrain de la vraie vie, la confrontation doit pouvoir se nourrir du point de vue de l’autre.
Le ministre Coppieters n’était pas à l’aise, disait-il, avec la militance. C’est pourtant une posture importante du débat démocratique. Tout le monde n’est pas fait pour occuper l’arène politique, reste que le bien de la cité (la politique au sens strict) est l’affaire de tou·tes et que participer à ce genre de rencontres (les foires agricoles – sous le soleil, c’est une belle journée de vacances d’été), c’est aussi faire preuve d’un engagement hautement sociétal. Tout comme choisir ce que l’on mettra dans son assiette, auprès de qui on se fournira en aliments et à quel prix juste on rémunérera le·la producteur·trice.
(*) le seul qui ait répondu à l’invitation, quand ses collègues de majorité ont décliné soutien et présence sur le terrain