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Libramont, la grande foire… 2024

Libramont, la grande foire… 2024

C’est assez classiquement qu’un discours inaugural donne le ton de l’événement. Ainsi en est-il de la prise de parole de Jean-François Pierard, président de la Foire qui proclamait solennellement l’ouverture officielle de la 88eme édition. Depuis trois, quatre ans maintenant, la Grande Foire annonce s’inscrire dans le mouvement d’une agriculture en transition. Les slogans affichés un peu partout se veulent révélateurs de l’orientation : « Vers un monde sans faim » (qui est d’ailleurs le titre de l’ouvrage publié par l’agriculteur français Hervé Pillaud, invité à nourrir le débat de la table ronde inaugurale), « La confiance, ça se cultive, choisissez la proximité » (entendez, le circuit court) et aussi cet autre ouvrage d’Erik Orsenna de l’académie française et Julien Denormandie proposé à la vente en fin d’inauguration : « Nourrir sans dévaster » paru chez Flammarion.

Autorisons-nous donc une citation un peu longue pour étayer cette volonté exprimée de transiter vers un autre modèle. « Vous l’avez perçu dans le riche débat qui a ouvert cette inauguration officielle, les défis de notre époque sont colossaux. A l’incompréhension de la société correspond le malaise et la colère du monde agricole. Personne n’est ni heureux et ni apaisé dans cette dynamique perverse. Les rapports des consommateurs et des producteurs se sont construits sur un substrat de méfiance et de suspicion réciproque qui rendent toute sérénité illusoire. Le message de la Foire est que les fils d’un dialogue constructif ne pourront se renouer que dans la confiance restaurée. Et cette dernière ne sera acquise que si chacun accepte de prêter une oreille attentive et indulgente aux préoccupations de l’autre. Oui, les agriculteurs se sont engagés résolument et depuis de nombreuses années déjà dans la transition vers une production plus respectueuse de la nature et du vivant. Oui, la superficie de notre forêt s’est accrue en un siècle de plus de 25%. Trop d’approximations circulent sur le statut de notre agriculture, mélangeant allègrement déforestationn, élevage intensif, utilisation immodérée de produits phytosanitaires, qui sont sans doute la norme sous d’autres latitudes mais pas dans notre région où est promue une agriculture familiale, nourricière, circulaire et respectueuse de l’environnement » (fin de citation).

En parcourant les allées, en s’attardant aux conférences, en participant aux démonstrations et en assistant aux proclamations des sélections de races, on reste malgré tout frappé d’un continuum avec les années antérieures. Libramont reste le lieu incontournable du monde agricole. Le temps d’un we, quand la météo ne contraint pas à profiter in extremis d’une fenêtre forçant à la présence sur champ pour moisson prioritaire… c’est tout le monde agricole qui se retrouve pour faire la fête et pour rêver un peu… à l’avenir de la profession et à l’évolution du matériel agricole qui permettra à certains de s’équiper mieux pour mener ce travail toujours si prenant. H24, comme l’on dit aujourd’hui.

Reste que l’attention aura pu être détournée des grands exposants traditionnels et des stands de pompes à bières et autres délicatesses -souvent viandeuses- servies sur assiettes. En effet, derrière le stand de la FWA (c’est peut-être tout un symbole), est apparu cette année une sorte de village d’irrésistibles… La dénomination de ce lieu original : le Village de l’Agro-écologie, composés d’une dizaine d’acteurs et d’associations prônant la transition vers des systèmes agro-écologiques, suggérant de relier (mieux) les hommes et la terre, invitant à nourrir sainement en régénérant les sols et le vivant, en créant des filières alimentaires complètes. A une encolure de là, même, un attelage tirait un soc de charrue, preuve si besoin était que le monde agricole belge est ouvert à la slow-agriculture… si le besoin devait s’en faire sentir… Car il faut malgré tout le reconnaître, pour l’heure, les exploitants agricoles ne semblaient pas encore très attirés par ce village prônant l’alternative à cette agriculture courant vers un futur toujours plus assisté de technologie moderne et de produits phytos… dont la nouvelle ministre MR de l’agriculture, Anne-Catherine Dalcq, bio-ingénieure et agricultrice, a affirmé que « Toutes les doses (entendez : de pesticides) sont validées par des médecins« .

De sorte à nourrir votre réflexion de lecteur·trices, nous vous renvoyons vers la Carte blanche de Virginie Pissoort, juriste de Nature et Progrès parue dans la Libre Belgique :