Charte
Extrait des Statuts :
Art. 3 Objet social
- La Ceinture Alimentaire Namuroise (CAN) est un projet citoyen qui participe au développement et à la promotion d’un système alimentaire relocalisé, durable, résilient et souverain, à l’échelle de l’arrondissement administratif de Namur. A titre d’ensemblier territorial, la CAN inscrit son action dans une vision systémique visant à stimuler les interactions entre les acteurs de la transition alimentaire, à inclure l’accessibilité pour tous à une alimentation de qualité, à régénérer les sols et à préserver la biodiversité.
Vers un système alimentaire local socialement équitable,
résilients et durables pour Nourrir Namur
(Version arrêtée au 20/10/21)
Cette charte s’adresse à tou·te·s les acteur·trice·s de l’alimentation durable actif·ve·s sur le territoire de la ceinture alimentaire : producteur·trice·s et artisan·ne·s, mangeur·euse·s, institutions publiques ou privées, entreprises, associations, scientifiques, pouvoirs publics, etc. Elle constitue les fondements de l’action de la CAN (ceinture alimentaire namuroise).
Raison d’être – Pourquoi une ceinture alimentaire à Namur ?
Les conséquences désastreuses engendrées par le système agroalimentaire industriel et globalisé sont nombreuses : dérèglement climatique, perte de biodiversité, appauvrissement des sols, dépendance croissante aux énergies fossiles et aux intrants chimiques, endettement des agriculteur·trice·s, difficulté d’accès à la terre et disparition des petites exploitations, dépendance aux structures intermédiaires multinationales (transformation, commercialisation, distribution), perte de diversité alimentaire et de richesse nutritionnelle, difficulté d’accès à une alimentation saine, croissance exponentielle des maladies liées à la malbouffe (allergies, obésité, diabète, hypertension,…), etc.
Afin de permettre l’accès à une alimentation saine pour tou·te·s, de préserver la biodiversité et la qualité des sols et de garantir des emplois porteurs de sens, rémunérateurs et non délocalisables, il est urgent :
- d’assurer l’autonomie et de viser la souveraineté alimentaire : il est nécessaire d’organiser la solidarité entre le centre urbain, sa périphérie et les zones rurales, de reconstruire un maillage entre les producteur·trice·s et les mangeur·euse·s privilégiant les circuits courts et de tendre au niveau local vers une plus grande adéquation entre les volumes de production et de consommation. Plus encore, face à l’industrie agroalimentaire, il est indispensable de se réapproprier les enjeux relatifs à l’alimentation afin de garantir la souveraineté alimentaire, notamment en ce qui concerne la diversité et les choix de qualité des produits.
- d’organiser la résilience des territoires : l’urgence climatique et les dommages dus à l’utilisation intensive des ressources fossiles et des intrants chimiques nous poussent à repenser le fonctionnement du système agroalimentaire. Il est important d’assurer la transition agroécologique à tous les niveaux (production, transformation, distribution, consommation) pour mettre en place un système alimentaire local durable et résilient face aux crises à venir.
- de relocaliser les filières alimentaires : dans une économie mondialisée, les emplois liés notamment à la transformation et à la commercialisation sont régulièrement délocalisés. Il est nécessaire de recréer des métiers, de relocaliser les activités de transformation et de logistique et de dynamiser le tissu professionnel coopératif. Ceci afin de capter et de redistribuer équitablement de la valeur ajoutée sur le territoire, de créer de l’emploi de qualité et de renforcer le caractère rémunérateur et valoriser des activités écologiquement responsables, c’est-à-dire limitant leurs impacts négatifs sur l’environnement.
Territoire – Sur quelle zone agit la ceinture alimentaire namuroise ?
La ceinture alimentaire namuroise agit dans le territoire de l’arrondissement de Namur : communes de Sombreffe, Gembloux, La Bruyères, Eghezée, Fernelmont, Andenne, Namur, Jemeppe-sur-Sambre, Sambreville, Mettet, Assesse, Gesves, Ohey, Floreffe, Fosses-la-Ville et Profondeville.
Ce territoire permet à la fois de rassembler une diversité de sols et de production, de garantir la lisibilité du projet pour le public et de susciter des projets de collaboration. Ces limites géographiques sont souples et s’adaptent à la réalité de chaque filière. La définition de ce périmètre permet de dynamiser les projets au sein d’une zone définie.
Finalités – Que vise la ceinture alimentaire namuroise ?
Les finalités de la ceinture alimentaire namuroise sont les suivantes :
- Une disponibilité et un accès pour tou·te·s à une alimentation locale, saine et durable.
L’accès à celle-ci est une question de justice sociale. Quelle que soit la situation sociale de la personne, chacun·e doit avoir accès à une alimentation qui contribue à son bien-être et à sa santé. Cela implique une attention à l’accessibilité des produits (en termes de localisation et de prix), au modèle économique qui soutient leur commercialisation et pour l’exemplarité et leurs effets démultiplicateurs, aux cuisines collectives (écoles, hôpitaux, crèches, CPAS, etc )
- Un revenu digne pour les producteur trice s.
L’agriculture doit être rémunératrice et porteuse de sens pour tou·te·s les acteur·trice·s des différentes filières. Il est indispensable de développer les solidarités entre producteur·trice·s et mangeur·euse·s. Cela implique la construction de modèles économiques viables et justes, facilités entre autres par le partage des risques liés à la production entre les producteur·trice·s et les mangeur·euse·s.
- Des filières alimentaires locales structurées et génératrices d’emplois.
Une relocalisation des filières alimentaires est souhaitable pour le maintien et la création d’emplois non délocalisables ainsi que pour le développement d’une économie circulaire au service d’une autonomie territoriale.
- Un environnement naturel préservé.
Le système agroalimentaire doit interagir harmonieusement avec les écosystèmes, contribuer à la régénération des sols et de la biodiversité, et évoluer radicalement de façon à atténuer les causes du dérèglement climatique. De même, il doit participer à la sauvegarde et au développement du patrimoine paysager rural et prendre soin de tous les vivants d’un territoire, humains et non-humains.
- Une connaissance partagée des enjeux relatifs au système alimentaire.
Il est indispensable que chacun·e soit en mesure de comprendre le fonctionnement du système actuel pour y jouer un rôle et le transformer. Il est également nécessaire que les alternatives existantes soient identifiées et mises en valeur. Enfin, les connaissances et savoir-faire doivent être partagés et co-construits afin de favoriser l’innovation.
- Une gouvernance alimentaire locale opérationnelle.
Afin de mettre en place un système alimentaire alternatif, il est nécessaire de construire une gouvernance alimentaire, juste et efficace, participative et collaborative incluant l’ensemble des acteur·trice·s.
Missions – Que fait la ceinture alimentaire ?
Afin de participer à la transformation du modèle agroalimentaire, la ceinture alimentaire namuroise doit à la fois construire progressivement un modèle alternatif autonome et dénoncer les projets politiques et les accords commerciaux défavorables. Nous synthétisons nos missions en huit domaines :
- Constituer un réseau d’acteur trice s : la ceinture alimentaire fédère les acteur·trice·s de l’alimentation durable (professionnel.les, acteur·trice·s de la chaîne alimentaire, institutions, associations, scientifiques, pouvoirs publics, etc.) vers un horizon commun enthousiasmant. Elle valorise et renforce les mouvements existants, propose de nouvelles collaborations, favorise les échanges d’expériences et d’expertises en interne ainsi qu’en externe.
- Documenter les dynamiques alimentaires locales : La ceinture alimentaire mobilise les institutions et ressources compétentes pour étudier les dynamiques et les flux alimentaires locaux. Elle identifie les enjeux pour atteindre ses finalités. Les études et les recommandations qui en résultent sont diffusées au sein du réseau d’acteurs constitué.
- Faciliter la reconstruction des filières locales : la ceinture alimentaire veille à travailler par filière. De la graine à l’assiette, elle identifie les acteur·trice·s à chaque étape des filières locales, et singulièrement les chaînons manquants, afin de susciter la création de nouveaux projets et de nouveaux métiers dans les différentes filières.
- Faciliter l’accès à la terre pour les producteur·trice·s : la ceinture alimentaire facilite l’accès au foncier par la mise en réseau de parties prenantes susceptibles de mettre à la disposition des agriculteur·trice s des terres cultivables publiques ou privées.
- Faciliter la transition des activités agricoles locales vers un modèle agroécologique : la ceinture alimentaire contribue à l’émergence, à la promotion et à la vie d’un réseau de parties prenantes susceptibles d’accompagner les agriculteur·trice·s porteur·euse·s de projets en termes de diagnostic, de financement, d’accompagnement technique et de recherche de débouchés commerciaux sur le territoire.
- Sensibiliser et mobiliser les citoyens et les décideurs locaux : la ceinture alimentaire dynamise la consommation de produits sains et locaux et la lutte contre le gaspillage alimentaire. A cette fin, elle informe sur les dérives du système agro-industriel, et conscientise les citoyen·ne·s aux pratiques alimentaires alternatives ainsi que sur les initiatives alimentaires locales existantes, notamment en développant des solidarités entre mangeurs et producteurs. Elle sollicite activement les pouvoirs publics et les entreprises privées pour qu’ils jouent leur rôle dans la promotion et la mise en œuvre du changement. Elle conseille les dynamiques de gouvernance alimentaire portées par la ville de Namur, l’incite à signer le Pacte de Milan et à orienter ses projets en adéquation avec celui-ci.
- Faciliter l’accessibilité à une alimentation de qualité pour tous : la ceinture alimentaire identifie la diversité des initiatives qui facilitent l’accès – et particulièrement aux publics les plus fragiles – à une alimentation locale de qualité. Elle facilite le réseautage de ces initiatives entre elles en vue de favoriser les synergies et complémentarités et se fait force de propositions.
- Dénoncer et mobiliser face aux projets qui nuisent à l’émergence d’un système alimentaire territorial durable : la ceinture alimentaire se doit de développer un regard critique face aux projets politiques, économiques et commerciaux qui nuisent aux finalité qu’elle poursuit. Elle élabore un plaidoyer auprès des autorités locales, régionales et nationales pour l’adoption de politiques publiques favorisant l’émergence de systèmes alimentaires territoriaux durables.
Planification et suivi-évaluation des actions menées
Chaque année, la ceinture alimentaire namuroise mobilise le réseau d’acteur·trice·s constitué afin d’identifier les actions prioritaires à mener et d’établir leur planification. Ceci n’exclut pas l’émergence d’actions complémentaires portées par des acteur·trice·s locaux mais permet néanmoins de tracer des lignes d’actions claires, connues et partagées par l’ensemble des protagonistes.
Au terme de chaque année, un atelier bilan est organisé avec le réseau d’acteur·trice·s constitué. Cet atelier permet d’évaluer le niveau de mise en œuvre des actions planifiées, d’apprécier le chemin parcouru, de tirer des leçons des actions menées. Les conclusions de ces ateliers alimentent l’exercice de planification annuelle.
Au terme de chaque triennat, l’atelier bilan organisé avec le réseau constitué se penche également sur l’état d’avancement des objectifs de la ceinture alimentaire. Cet exercice permet d’apprécier la pertinence, l’efficacité ainsi que la durabilité des actions menées au regard de leurs finalités. Les conclusions de ces évaluations alimentent une réflexion sur les éventuelles évolutions des stratégies de la CAN ainsi que de la présente charte.
LEXIQUE
Système alimentaire durable
La notion de « système alimentaire durable » englobe tous les acteurs de la chaîne alimentaire et repose sur 3 piliers qui tiennent compte de l’ensemble des processus dans leurs aspects environnementaux, sociaux et économiques.
Les modes de production permettent de préserver la biodiversité et la qualité des sols et de l’environnement et minimisent leur impact sur les ressources naturelles.
Le système d’alimentation durable est un cercle vertueux, qui garantit des emplois porteurs de sens, rémunérateurs et non délocalisables. Il garantit également le droit à l’alimentation à un prix accessible et contribue à la sécurité alimentaire et nutritionnelle pour tout un chacun.
Agroécologie:
« L’agroécologie est bien plus qu’une simple alternative agronomique. Elle est liée à une dimension profonde du respect de la vie et replace l’être humain dans sa responsabilité à l’égard du Vivant. Elle considère le respect de la terre nourricière et la souveraineté alimentaire des populations sur leurs territoires comme les bases essentielles à toute société équilibrée et durable. Approche globale, elle inspire toutes les sphères de l’organisation sociale : agriculture, éducation, santé, économie, aménagement du territoire…” Pierre Rabhi
Replaçant l’humain au cœur des écosystèmes, l’agroécologie est une approche globale (holistique ?) qui vise le développement de systèmes de production alimentaire efficients, durables et équitables englobant des composantes écologiques et sociales.
Fondée sur des études scientifiques, elle propose d’intégrer agronomie et écologie de façon à stimuler un mouvement social et politique soutenu par un ensemble de pratiques.
Elle cherche à optimiser les interactions entre les végétaux, les animaux, les humains et l’environnement tout en répondant à la nécessité de systèmes alimentaires socialement équitables au sein desquels les citoyen·ne·s peuvent poser des choix conscients (choisir ce qu’ils mangent et comment et où il est produit.)
Les transitions agroécologiques peuvent soutenir la réalisation simultanée de multiples objectifs de durabilité tout en étant adaptées à différents contextes environnementaux et culturels.
L’agroécologie est donc un élément clé de la souveraineté alimentaire.
En ce sens, elle vise également à trouver des solutions locales et des liens avec l’économie et les marchés locaux, permettant ainsi aux agriculteurs de percevoir un revenu juste et décent pour leur travail mais aussi d’améliorer leur qualité de vie.
Circuit-court:
Il s’agit d’un mode de commercialisation de produits agricoles ou horticoles, qu’ils soient bruts ou transformés, dans lequel au maximum un intermédiaire intervient entre le producteur (agriculteur ou transformateur) et le consommateur (Région Wallonne DG03).
Compte tenu de sa définition, le circuit court mène la plupart du temps à une proximité à la fois géographique et relationnelle entre le producteur et le consommateur. Néanmoins, du point de vue géographique, il n’y a pas de critère précis permettant de définir une distance au-delà de laquelle le circuit ne pourrait plus être qualifié de court.
On estime que ces circuits courts sont « aujourd’hui une opportunité économique non négligeable tant pour le producteur (sécurisation de son modèle économique) que pour le consommateur (prix ajusté au coût réel) mais également pour un territoire (création d’emplois locaux)
Plusieurs catégories constituent néanmoins l’appellation.
-Vente directe:
– Vente à la ferme (Magasin à la ferme, auto-cueillette …)
– Vente en dehors de la ferme (Marchés , Gac,* Gasap*, systèmes de livraison, vente en points relais…)
– Vente circuit-court (1 intermédiaire)
– Vente par un autre producteur
– Vente à un magasin en direct
– Vente à une coopérative de producteurs
– Vente par l’intermédiaire de dépôt de paniers
Alimentation locale:
S’il est évident qu’il faut considérer les distances parcourues par les fournisseurs, producteurs et consommateurs quand on parle d’alimentation locale, il n’est pas toujours simple de s’y retrouver entre le bilan carbone -ou bilan environnemental-, le bilan financier et les différents modèles de distribution (livraison directe du producteur au consommateur, plateforme logistique locale, points relais etc…).
En France par exemple, le décret 2002-1468 du 12 décembre 2002 considère comme local un circuit où la distance maximale entre le lieu de production et le lieu de vente au consommateur final est de 80 km. De manière plus générale, on parle d’un territoire relativement restreint qui est d’abord un « lieu de consommation alimentaire » pour lequel on étudie la capacité de l’offre locale à répondre à la demande, tant du point de vue qualitatif que quantitatif. Ce territoire, ou terroir, que l’on nomme aujourd’hui bassin de vie, est généralement le plus petit possible.
Nos habitudes de consommation, même ultra « conscientes » et responsables, font qu’aujourd’hui, nous ne pouvons plus nous passer de certains produits. Le café, le citron, les bananes en sont quelques exemples. Il nous faut alors faire le ratio entre ce qui est disponible chez nous, sur notre territoire, ce qui l’est à une distance raisonnable et ce qui vient de loin. La notion de « saison » est capitale et permet de faire un pas dans la bonne direction. Fraises en été, chicon en hiver et pas l’inverse puisque ces produits de chez nous sont disponibles « chez nous » sans « forcer » leur culture.
Dans la grande famille de la consommation responsable, la définition du mot «local» réfère à plusieurs interprétations, selon le point de vue.
Le sondage mené par Équiterre en 2010 indique que les consommateurs considèrent un fruit ou un légume « local » surtout s’il provient de leur région immédiate (39 %) ou de leur province (31 %). Certains se réfèrent plutôt au nombre de kilomètres parcourus.
Manger « local » comporte de nombreux avantages et permet d’économiser sur plusieurs échelles. Economie des ressources fossiles, économie pour le portefeuille aussi. Acheter local, c’est également soutenir son économie, favoriser les emplois et donc augmenter le niveau de vie d’un territoire.
Alimentation “de qualité”:
à venir
Alimentation “saine”:
à venir
Sources:
http://www.fao.org/agroecology/overview/fr/
http://www.fao.org/3/I9037FR/i9037fr.pdf
Pierre Rabhi cité par Arnaud Diemer & Christel Marquat, Regards croisés Nord-Sud sur le développement durable, Louvain-la-Neuve : De Boeck 2015, p.150
file:///Users/genevievemalherbe/Downloads/Food%20and%20climate%20poster%20FR%2003.pdf
http://fian.be/Rapport-de-FIAN-devant-le-Comite-des-droits-economiques-sociaux-et-culturels